Equilibrer les pouvoirs

Chacun est sur ses gardes. Ce conseil de surveillance pourrait être un lieu de contrôle et de stratégie, il ne vit que de suspicions. Plus le Directoire s’exprime, plus grand est le risque d’immixtion dans la gestion. Moins il en dit, plus la méfiance du conseil diffère ou neutralise les résolutions à voter. La durée de chaque conseil comme des comités fait l’objet de négociations permanentes. Cette spirale impacte le développement du Groupe. Un processus particulièrement étayé a permis de rapprocher les deux présidents, du conseil et du directoire, de faire bouger leurs positionnements, de modifier leurs comportements. Des instruments de gouvernance ajustés ont soutenu cette démarche pour construire une confiance et une coopération, pour établir des pratiques de gouvernance sérieuses et acceptées. « Il n’existe pas de neutralité en gouvernance. Entre confiance ou méfiance, l’un l’emporte toujours » Xavier Gautier.

Succéder sans esprit de revanche

« Alors, vous allez prendre votre revanche. A vous le pouvoir ! ». Nouveau Président de ce groupe, la première volonté de cet homme, longtemps numéro 2, est de jouer collectif. Sa première difficulté émane des parties-prenantes qui le poussent à la revanche, à prendre le pouvoir et l’exercer seul, avec domination sur le modèle précédent. Lui veut fonder une gouvernance. Etape par étape, conseils après conseils, le processus mis en place est intangible pour organiser des prises de position et des décisions collectives, malgré les relents des habitudes et des pratiques de cour de ceux qui l’entoure. Un récent conseil d’administration particulièrement stratégique a ancré la légitimité de son rôle et de sa gouvernance. Les parties-prenantes se responsabilisent, apprennent et apprécient un mode plus collectif.

Démissionner n’est pas la solution

Le conseil d’administration et son Président sont en grande tension dans ce consortium international de plus de 300 actionnaires. Faut-il démissionner en bloc ? L’Assemblée Générale annuelle vient de refuser massivement deux résolutions qui devaient passer. La question est légitime mais le vrai sens est ailleurs. Ce qui semble être un acte d’opposition est en réalité un acte de régulation. Un rééquilibrage de certaines règles et pratiques, autant implicites que formelles, est incontournable. La démission n’est alors plus d’actualité. Un nouveau mode de gouvernance est mis en place en quelques mois. Deux ans après, en contexte économique très tendu, le conseil et son Président sont largement renouvelés en confiance.